BACK

Et si l'intelligence artificielle était votre meilleur coéquipier au travail ?

Published on | by ETX Daily Up Vie pratique
Bien utilisée, l’IA permet à une personne seule d’atteindre des performances comparables à celles d’une équipe entière. Bien utilisée, l’IA permet à une personne seule d’atteindre des performances comparables à celles d’une équipe entière.
Photography SIphotography / Getty Images©

Plus de deux ans après l'arrivée fracassante de ChatGPT, les entreprises peinent encore à réussir leur transition technologique. Pourtant, les expérimentations se multiplient et montrent que l'intelligence artificielle ne se limite pas à l'automatisation des tâches. Cette technologie redéfinit en profondeur la manière de travailler ensemble. Mais encore faut-il que tout le monde y ait accès et veuille s'en emparer.

Une étude de grande ampleur a été menée au sein de Procter & Gamble, le géant américain des produits de grande consommation, par des chercheurs de Harvard, Wharton et du Digital Data Design Institute. L’objectif : évaluer l'impact de l’intelligence artificielle dans le quotidien de 776 collaborateurs, confrontés à des missions concrètes telles que la création de packagings, l’élaboration de stratégies de distribution ou encore le développement de nouveaux produits.

Les résultats donnent matière à réfléchir : utilisée avec discernement, l’IA permet à une personne seule d’atteindre des performances comparables à celles d’une équipe entière. Mieux encore, une équipe qui s’appuie sur cette technologie a davantage de chances de produire des idées originales, percutantes et à fort potentiel.

Mais ce n’est pas tout. L’étude révèle également que les collaborateurs les moins expérimentés peuvent, grâce au soutien de GPT-4, atteindre un niveau de performance équivalent à celui de leurs collègues les plus chevronnés. L’IA agit ainsi comme un véritable "pont de compétences", capable de réduire les écarts liés à l’expérience. Et la cerise sur le robot : elle contribue aussi à améliorer le bien-être au travail. Les participants ont rapporté une diminution de l’anxiété, un regain d’enthousiasme, et une énergie renouvelée. 

Il est important de noter toutefois que ces effets ont été mesurés sur une courte période, et que l’étude demande à être approfondie. Mais une chose est sûre : le potentiel est bel et bien là.

Des freins d’adoption à ne pas négliger

Sauf que tout le monde ne profite pas du potentiel de l’IA de la même façon. Une analyse transversale de 18 études regroupant plus de 140.000 participants à travers le monde met en lumière un écart de genre significatif : les femmes adoptent l'IA entre 10 et 40% moins que les hommes. Entre novembre 2022 et mai 2024, elles représentaient seulement 42% des utilisateurs mensuels de ChatGPT, un chiffre qui chute à 27% lorsqu'on observe les téléchargements d'applications liées à l'IA sur smartphone.

Comment expliquer ces écarts ? Ils résultent d’un ensemble de facteurs mêlant réticences éthiques, crainte du jugement et perception persistante selon laquelle l’usage de l’intelligence artificielle pourrait être considéré comme de la triche. Dans un environnement professionnel où les femmes sont jugées plus sévèrement que leurs homologues masculins, il est d’autant plus délicat de s’aventurer vers un outil encore largement méconnu et source d’ambiguïté.

Et pourtant, quand l'accès à l’IA est facilité, accompagné et dédramatisé, les lignes bougent. Dans certains environnements tech, les femmes se montrent même parfois plus volontaires que leurs collègues masculins pour adopter ces nouveaux outils. Tout est une question d'acculturation, de formation et de climat de confiance.

Les entreprises ont donc un rôle déterminant à jouer. En garantissant un accès équitable à l’intelligence artificielle et en valorisant son usage au quotidien, elles ont le pouvoir de réduire les inégalités femmes-hommes, d’encourager l’autonomie de tous et de réinventer en profondeur les pratiques managériales. Car si l'IA peut être un extraordinaire catalyseur de compétences, elle ne le sera que dans un cadre inclusif et conscient de ses biais.

Au fond, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à se servir de l’intelligence artificielle. Il s’agit de repenser le travail lui-même, en mettant la collaboration, la confiance et l’égalité au centre des préoccupations. L’avenir du travail pourrait bien ressembler à cela : une équipe où chacun, femme ou homme, s’appuie sereinement sur une forme d’intelligence supplémentaire - ni humaine, ni magique, mais pleine de promesses.

Caroline Drzewinski
Did this article catch your attention ?
Get ready-to-publish content for your website
#pressagency
#news
#media